Le droit international est un instrument de la politique internationale, c’est un ensemble de règles, de discours et de techniques que les sujets et les acteurs internationaux utilisent pour régler leurs relations et atteindre certaines finalités sociales. Le droit international est aussi un produit culturel et historique, le fruit d’une évolution contrastée sur plusieurs siècles qui a permis de le façonner tel qu’il apparaît aujourd’hui. Il est un processus fondamental de régulation et de canalisation des violences internationales, un langage commun indispensable, une technique instrumentale au service des États et de tous les acteurs de la société internationale, une promesse de pacification. En cela, sa puissance d’attraction est bien réelle. Mais le droit international est aussi inscrit depuis son émergence moderne dans une société internationale profondément inégalitaire où il nourrit autant de violences qu’il permet d’en apaiser. Aussi, loin d’être une simple technique juridique neutre, il est, et a toujours été, la projection à l’international des valeurs et des intérêts des acteurs dominants de la société internationale tout en étant utilisé par les mouvements de résistance à cet ordre dominant. Il est à cet égard intrinsèquement ambivalent, c’est-à-dire qu’il est à la fois un instrument de domination et un instrument d’émancipation pour les sujets et acteurs qui l’utilisent. Il est tout autant une arme des puissants que le rempart des plus faibles.